Premier arrivé, premier servi! [Turquie <3]

C'était l'heure du repas. La cloche avait sonné et les élèves de l'Académie s'étaient précipités vers la cafétéria. Il faut dire qu'aujourd'hui était un jour spécial: le jour du gâteau au chocolat. Fondant à l'intérieur et moelleux à l'extérieur. Le genre de dessert à qui personne ne peut résister, même pas les plus horribles des criminels. On racontait même que le terrible directeur avait un faible pour ce dessert...

Herakles Karpusi, 12 ans et demi, presque 13, marchait tranquillement dans les couloirs de l’Académie, traînant son sac sur le sol. Il tenait contre lui le seul souvenir de sa mère disparue, une vieille peluche en forme de chat aux oreilles mordillées. Il la rangea à contrecœur dans son sac, pour ne pas la perdre au milieu de la foule. Les autres élèves le bousculaient pour entrer dans la cafétéria, ne faisant pas attention au petit garçon endormi.

Tout petit déjà, le représentant de la belle nation qui est la Grèce avait un faible pour la sieste. Il passait de nombreuses heures à dormir, à l'ombre des ruines de l'Acropole, entouré de ses animaux préférés, les chats bien sûr. Son arrivée à l'Académie avait bouleversé de nombreuses choses dans la vie du petit garçon.

Déjà il ne pouvait plus faire la sieste quand il le voulait, vu qu'il était obligé d'assister aux cours. De plus, la langue obligatoire était l'anglais. Le grec maîtrisait les bases, du style : Hello... My name is Herakles... I love cats.... Mais c'est tout. Il avait dû faire de nombreux efforts pour apprendre l'alphabet, différent du grec, mais aussi pour améliorer son accent qui rendait certaines de ses phrases incompréhensibles. Et comble de malheur, les chats étaient interdit ! Pour se consoler le jeune garçon avait gardé Gatáki, son doudou. Mais il savait bien que si quelqu'un le voyait avec, il se moquerait de lui.

Le seul point positif, depuis son arrivée, était qu'il ne voyait plus son père. Mais sur les sièges de l'école, le grec avait trouvé un ennemi encore plus dangereux que son paternel : Turquie. Les deux nations étaient liées, par leur passé. Des guerres, des conquêtes, des morts, du sang et des larmes... Le grec l'avait lu dans des livres, il redoutait le moment où ces terrifiants souvenirs feraient surface. Herakles secoua la tête pour se changer les idées.

Il attrapa difficilement un plateau, calant son sac dans son dos et suivi les autres élèves sans se presser. Le jeune méditerranéen n'était pas bien grand à cet âge-là, mais il avait encore toute la vie devant lui pour grandir encore. C'est sur la pointe des pieds qu'il tendit sa main pour saisir la dernière part de gâteau au chocolat.

Mais sa main heurta celle d'un autre élève de l'établissement. Le pire des élèves...

Turquie. Le pire cauchemar du grec. Et malheureusement il ne pouvait pas se réveiller. Le turc était toujours là derrière le pauvre Herakles, pour lui pourrir la vie, pour l'embêter pendant sa sieste, pour l'enfermer dans un placard, pour mettre des vers de terre dans ses chaussettes...

Il grimaça légèrement quand le turc tenta de lui voler sa part de gâteau mais il ne lâcha pas l'assiette pour autant. C'est SON dessert. Il était arrivé le premier, il était donc pour lui. Et il n'allait pas se laisser faire. C'est d'une voix calme et posée qu'il répondit à tronche de loukoum écrasé.

« C'est toi qui vient de gâcher ma journée... Je ne chouine pas en plus... »

La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, même si ici c'était plus un chaton endormi qu'une colombe. Et le crapaud souriait derrière son masque. Sûrement une preuve de lâcheté. Ne voulant pas affronter la vie en face, ou complexé par l'un de ses nombreux défauts, le turc se cachait le visage derrière son masque. Ce qui lui donnait un air terrifiant, voire maléfique. Fier de son analyse, le grec sourit dans son fort intérieur. Imaginer que le truc avait des soucis lui donnait un peu plus de courage pour résister. Car même s'il ne l'avouera jamais, le grec avait peur du turc et de son horrible masque.

Herakles continuait malgré tout de regarder l'autre méditerranéen, sans baisser le regard. Prenant l'exemple du grand Léonidas, qui s'est battu jusqu'à la mort face aux Perses, Herakles n'abandonnera pas.

Il tira l'assiette vers lui et il ajouta en fixant le turc de ses yeux émeraudes.

« Et rend moi mon dessert... »

« C'est toi qui vient de gâcher ma journée... Je ne chouine pas en plus... »

Le turc haussa un sourcil derrière son masque. Si ce souvlaki moisi pense qu’il va lui voler SON gâteau au chocolat, il se mettait le doigt dans l’œil. En souriant encore plus, il tira l’assiette un peu plus vers lui avec un plus de force qu’avant. Le turc avait détesté le grec du premier regard qu’ils ont eu, bien qu’il soit plus jeune que lui de peu. Sadiq ne comprenait pas pourquoi ni comment il ressentait autant de haine envers un garçon que tout le monde prenait pour un petit garçon fragile. S’il était aussi fragile, il ne saurait pas se défendre contre lui. Ce qu’il fait très bien, malgré tous les efforts du turc pour faire des tours qui ferait pleurer le petit grec. C’est surement ça qui énerve le plus Sadiq. Que Héraclès aie l’air inoffensif quand il l’est pas. C’est certain que sous ces airs de petit chaton abandonné cache un monstre horrible que seul le turc est capable de voir.

« Et rend moi mon dessert... »

Prenant un grand soupir, il tira encore une fois sur l’assiette pour avoir le dessert pour lui, réussissant à le faire glisser des mains du grec et gagner ce petit affrontement. Sadiq allait lancer une réplique sur quoi le grec devait faire plus de musculation s’il voulait un jour réussir à lui voler quoi que ce soit, que le fait qu’il ait gagné le dessert servirait de leçon au grec sur le fait qu’il lui est supérieur. Mais la bonne dame de la cafétéria arriva avec un deuxième arrivage de gâteau frais sorti du four. Sadiq ouvrit grand les yeux et légèrement la bouche puis étouffa un petit grognement avant de regarder Héraclès dans les yeux.

« Ce n’est pas fini entre nous, souvlaki moisi…. »

Le jeune turc se dirigea vers la table que le japonais était assis et déposa son cabaret à côté du petit asiatique en lui faisant son sourire made in Turkey 100% réservé aux gens spéciales. Kiku était l’unique personne dont le turc se sentait confiant autour. L’unique personne avec qu’il parlait aussi, tous les autres avaient peur de lui apparemment. Mais Sadiq n’y prêtait pas attention, Kiku était son meilleur ami et à personne d’autre. Mais voilà que le grec s’assit à l’autre côté de lui et Sadiq n’aime pas que , de toutes les autres personnes à l’académie, ce soit le grec qui s’assit à côté de SON ami.

« Salut Kiku! Tu ne t’es pas trop ennuyer sans moi ? Ton meilleur ami ? »

Le méditerranéen pris un malin plaisir à mettre l’emphase sur les mots « meilleur ami » en regardant le grec droit dans les yeux. Son sourire diabolique accrocher au visage. Ce demandant comment le grec allait y répondre.

« Je doute que Japon veuille d'un meilleur ami aussi possessif que toi..... Tu l'étouffes, tu le prives de liberté...... Il n'y a rien de pire qu'un tel ami..... Dans ce cas-là, il vaut mieux être seul que mal accompagné..... »

Sadiq regarda le grec, longement et avec toute la haine du monde. Comment osait-il ?!? Il allait finir par lui tirer son plat sur le visage, voire même lui tirer les cheveux. Puis le petit turc réfléchit,ça c'était des manières de gamins. Il était grand maintenant et les grands se battent...avec des mots et des épées! Sadiq sourit en coin et il regarda le grec dans les yeux:

" Tu sais quoi souvlaki pourri ? Je m'en fiche! Tu peux dire ce que tu veux sur moi mais je sais que Kiku va rester mon meilleur ami peut importe ce que le monde va lui raconter sur moi."

Il sourit à Kiku et commença à manger son repas, satisfait de sa réponse vers le grec. Sadiq sait que le grec est encore un gamin comparé à lui qui se trouve à être un fier turc . Rien de ce qu'il pourrait lui dire va l'affecter.

Spoiler:

Pour seule réponse, le jeune grec plaça sa main devant sa bouche et bailla discrètement. Le silence est la meilleure réponse aux cons comme on dit. Et il n'avait pas envie de débattre avec le turc. Pas que le grec soit lâche, ses ancêtres étaient de valeureux guerriers, mais c'était trop fatiguant d'essayer de raisonner le type au masque.

Le méditerranéen détourna donc la tête et se concentra sur son assiette, perdu dans ses pensées. Il leva rapidement ses yeux émeraudes vers Kiku. Se trouver au milieu de la Troisième Guerre Mondiale et devoir supporter les disputes incessantes du truc et du grec ne devait pas être facile pour le japonais. Herakles esquissa une petite moue triste. Il s'en voulait de mettre son meilleur ami dans ce genre de situation.

« Je suis désolé, Kiku.... Sadik ne sait pas se comporter comme un adulte et cherche toujours à me faire du mal, sans penser que ça doit être épuisant pour toi de toujours devoir nous séparer... »

Il aurait pu rajouter qu'il était lui aussi en faute mais non. De toutes façons tronche de loukoum écrasé se ferait un plaisir de lui rappeler, ce qui confirmerait les dires du grec : Sadik est un sale gamin. Le grec savait que répondre aux menaces du truc n'est pas la meilleure des solutions, mais il ne pouvait pas laisser passer certaines remarques.

Mais au fond de lui, il aimerait aller voir sa maman pour lui raconter ses malheurs et faire punir une bonne fois pour toutes le truc! Mais Herakles doit se comporter comme un grand garçon -du moins moralement, car physiquement il est encore tout petit- et ne pas toujours se cacher dans les jupes de sa mère. Même si Mama c'est la meilleure ♥ 

Le grec sous-entendait également que le turc était un mauvais meilleur ami, ne se souciant pas de ce que Japon pouvait ressentir. Espérons que Truquie capte le message...

« Mais je ferais des efforts pour ne plus t'embêter avec ça, ne t'inquiète pas... »

Pas comme un certain turc.

Spoiler: