Legos, moussaka et trampoline [avec Dan ♥]

La voix du représentant du Danemark résonnait toujours dans les oreilles du grec.

« Rendez-vous au gymnase » lui avait dit Mathias « Tu verras, ça sera génial !»

La journée était commencée depuis un moment, mais Herakles avait passé tout son temps dans l'aile méditerranéenne, au fond de son lit, à faire la sieste. Il se leva à contrecœur et après s'être habillé -tee-shirt blanc et vieux jeans- il sortit de l'Académie. Le grec avait promis à son ami de venir et il tiendrait cette promesse. La sieste attendra un peu.

C'est d'un pas tranquille qu'Herakles se dirigea vers le gymnase. Son super copain Danemark lui avait donné rendez-vous là-bas. Il devait avoir prévu une activité quelconque et voulait que le grec y participe avec lui. Herakles aimait bavarder avec le nordique et il avait donc accepté son invitation.

À ses risques et périls.

Bien sûr, ce n'était pas comme s'il allait passer l'après-midi avec le russe. C'est un gentil garçon Russie. Mais un peu trop possessif et légèrement effrayant. Surtout quand il parle de tuer des petits chatons innocents. Herakles secoua la tête pour effacer cette terrifiante image de ses pensées. Non, le danois n'était pas du tout comme le russe, c'est pourquoi Herakles l'aimait bien. Même s'il était très différent de lui.

Ils ne partageaient pas la même passion pour les chats ou la philosophie, Mathias était aussi beaucoup plus dynamique que le grec et ne faisait pas aussi souvent la sieste. Mais malgré tout ça, ils étaient amis. Le nordique avait quelques qualités qui plaisaient au grec comme sa gentillesse et sa loyauté.

Herakles leva la tête et vit enfin le gymnase se dresser devant lui. Le jeune grec entra donc dans le bâtiment, suivi de près, par un chat noir et blanc. Il balada son regard dans la salle et chercha le blond du regard.

Personne.

Il n'y avait pas un chat -enfin façon de parler- dans le bâtiment. Le grec fit quelques pas et alla s'installer sur le banc des remplaçants, sa place préférée en cours de sport, pour attendre le danois. Herakles jeta un coup d’œil sur sa montre. Il était en avance. Il avait donc le temps de terminer sa sieste avant l'arrivée de son ami...

Le grec il était moelleux comme un loukoum.

Ho là ! Non ! Pas comme un loukoum turque hein… on va pas recommencer une vieille guerre, nej, nej, moelleux comme un loukoum méditerranéen. Un bon, sucré, à la rose parce que décidément il aimait bien le gout bizarroïde de la rose.

C’est pour ça qu’il avait pensé à lui pour le coup du trampoline. Ça et puis c’était drôle de voir quelqu’un d’aussi calme qu’Herakles rebondir tranquillement en l’air.
Surement, il y verrait une pointe de philosophie. Herakles il te sortait des phrases parfois… Mathias avait la subite impression d’être en gladiator et de faire des pouces aux gens. Pour les condamner à mort –ou pas-. D’ailleurs la fois où il avait vu le film avec Russel Crowe, il s’était amusé à faire ça pendant une bonne semaine jusqu’à ce que les nordiques en ait marre et lui attache tout ses draps en toge partout dans sa chambre.

Aucun sens de l’épique !

Herakles lui il l’avait. Il connaissait plein d’histoire mythologique et même la dernière fois au déjeuner, Mathias en avait oublié de bouffer sa crème caramel ( ! ! !) tout ça parce que le grec racontait une histoire de gros gars à tête de taureau qui s’était perdu dans un labyrinthe et qui jouait aux hunger games avec des gens.

Comment il aurait explosé le gars-taureau ! ! ! Sans déconner ! Il y avait pensé toute l’aprem ensuite en cours de stratégie militaire et avait imaginé tout un stratagème qui tenait super bien la route. Il avait aussi envisagé de demander à l’espagnol des conseils sur les taureaux mais ce dernier l’avait jamais beaucoup apprécié et fallait pas forcer la nature des gens. Même quand il s’agissait de jolies slaves mais ça à la limite c’était une autre histoire.

Le trampoline avait été changé pour la nouvelle année. Il était temps franchement. L’ancien –présent depuis que Mathias était arrivé dans cette école- était vieux, n’avait quasi plus de ressorts et bénéficiait même de quelques trous par-ci par-là. École privée de luxe mes fesses ! !

N’empêche, ils avaient enfin un nouveau trampoline et normalement, il ne devait être utilisé qu’à partir de la rentrée.

Oui enfin les rêgles, c’est pour les majorettes !

Y’a un trampoline, il est fait pour être utilisé ! !

Et là c’est l’été, c’est bien. Y’a pas trop trop de surveillance. Il avait lancé énergiquement un « viens, on va essayer le trampoline » au grec et il avait rendez-vous avec lui directement sur le lieu du crime.

C’était toujours pareil : jamais à l’heure notre danois. Il arriva cinq minutes après, sentant bon le chlore de la piscine et le gel douche, les cheveux délicatement mouillés et l’air de labrador habituel sur la face.

« Herak’!! J’suis là!!» un grand signe de la main, une bourrade amicale à l’épaule et Mathias chercha du regard le trésor.

Le voilà, adossé au mur, le graal : den storslåede trampolin ♥

« Viens m’aider, on va le mettre à plat sur le sol. T’en as déjà fait ? hey! t’as mangé avant d’arriver ici? j’aurais du te dire de jeuner quand même. Ça la fout mal si on dégueule sur le trampo tout neuf .»

Le nordique frappa -délicatement- l'épaule du grec, ce qui le réveilla en sursaut. L'heure de la sieste était finie. Herakles se redressa tranquillement en se frottant les yeux et salua son ami.

Il suivit ensuite le regard de Mathias et vit l'arme du crime : le trampoline.

« Viens m’aider, on va le mettre à plat sur le sol. T’en as déjà fait ? hey! t’as mangé avant d’arriver ici? j’aurais du te dire de jeuner quand même. Ça la fout mal si on dégueule sur le trampo tout neuf .»

Bien sûr qu'il en avait déjà fait. Une fois. Cela avait mal tourné. Il avait glissé et était tombé. Résultat : arcade sourcilière ouverte, du sang partout sur son tee-shirt, une mère en sanglot et un père soupirant devant les réflexes inexistants de son fils. Monsieur Karpusi s'était donc débarrassé du trampoline qui empêchait, selon lui, le bon développement intellectuel de son fils. Adieu les jeux d'enfants et bonjour les études. Au grand désespoir du pauvre Herakles qui déjà tout petit, adorait passer ses journées allongé au milieu de chat pour faire la sieste au lieu de travailler.

Et non il n'avait pas mangé. Il sortait de la sieste. Il avait grignoté quelques gâteaux au miel de Mme Byzantin, cette dernière faisait distribution générale de viennoiserie dans l'aile Méditerranéenne, mais pas assez pour -je cite le danois- « dégueler sur le trampo tout neuf ».

Il hocha la tête et suivit le blond jusqu'au trampoline. Le grec analysa la situation. L'engin devait peser des tonnes et le déplacer pour le mettre en place pourrait être le treizième des travaux d'Herakles. Le héros grec super balèze qui nettoie des écuries, qui tue des lions, des hydres et même des géants et qui a même été aux enfers pour enchaîner un sale cabot. Pas le représentant de la Grèce qui baille en fixant le trampoline.

Le jeune méditerranéen s'approcha donc un peu plus pour aider son ami, même s'il ne voyait absolument pas comment mettre cette chose à plat.

« Et.... Comment tu comptes faire pour le mettre à plat.... ? » demanda le grec. On ne fonce jamais tête baissée sans avoir préparé un plan à l'avance.

Et utiliser sans permission le trampoline de l'école tout en évitant de se faire prendre par les professeurs, méritait beaucoup de réflexion. Bravo Dan, tu fais d'Herakles un délinquant.

Des tonnes. Tout de suite!!! Mais c'est pas un trampoline de l'armée Herakles, voyons. Bon ok, c'était lourd mais là il y avait juste à le déplier surtout. Ça restait tout de même grand comme bête il fallait bien l'admettre. Une taille conséquente, un filet que le danois oublierait tout à fait volontairement de mettre et surtout un poids à respecter sur le trampoline.

Chose qui avait totalement échappé au danois.

Ce trampoline-ci ne supportait "que" 120 kg...

Voyez-vous les ennuis arriver? :3

Mais fi de tout ces comptes de petits apothicaires! Danemark était là pour s'amuser. C'était quelque chose d'important: avoir du fun en toute circonstance et sans égard aucun pour le danger ou la notion qui en découlait.

La question du grec le fit sourire.

" C'est facile tu te mets d'un côté et je me mets de l'autre. On fait rouler, on laisse tomber mais un peu sans bruit quand même et hop!!!" Le danois termina en levant, très enthousiaste, les bras et se posta derechef dans l'angle adéquat. Faire rouler ne nécessitait aucune force particulière. Le principe de la roue, inventé par les gaulois, était le summum du partisan du moindre effort. Ça tombait bien: Herakles en était le roi.

Comme un bounty dans un sac de mini-mars, Herakles entamait sa nouvelle vie de délinquant juvénile sous les meilleurs hospices. Celle de vivre dans le danger, le vrai, celui qui sent l'adrénaline et Mongol, purement et simplement.

"Pousse, pousse, fais rouler Marcel!!" Le trampoline, haut au-dessus des têtes scandinaves et méditerranéennes, semblait rouler bon enfant au milieu du gymnase. "Maintenant viens m'aider de mon côté!"

Là en fait c'était la partie ultra technique. Celle de la descente du trampoline. Chacun des deux côtés il suffisait de faire glisser un pan lentement vers le sol. Fastoche. Non vraiment, fastoche. Exécutant la démarche avec dextérité, le trampoline fut posé au sol. Des années au club de menuiserie et un voisinage constant avec Sverige-Ikeaestlà fit que Mathias déplia la chose sans effort (trampoline motorisé hein).

Un gros sourire vers Grèce. UN GROS.

"C'est pas la classe?" Mathias se mit à rire.

Herakles aida donc le viking à déplacer et à installer le trampoline au milieu du gymnase. Après cet effort surhumain, le grec regarda l'arme du crime quelques secondes avant de sentir sur lui le regard de Mathias. Ce dernier lui adressa un immense sourire avant d'éclater de rire.

« C'est pas la classe ? »

Le grec reporta son visage sur le trampoline et ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire. Oui c'était la classe. La grande classe. Presque aussi classe qu'un bon matelas à mémoire de forme, le top du top du confort, parfait pour dormir.

Bien sûr, il était hors de question de faire la sieste sur le trampoline. Primo, Mathias ne le laisserait pas faire. Ils étaient là pour s'amuser et hors de question de roupiller durant le reste de la journée. Sur ce point-là il ressemblait à Indonésie, qui menace de le réveiller à coups de bombe à eau si elle le voit en train de roupiller sur le canapé de la salle commune ou autre part. Deuzio, on ne peut pas dormir sur un trampoline sans prendre le risque de voltiger au moindre mouvement. Parole d'expert.

Herakles hocha la tête pour confirmer les dires de son ami. Il balada ensuite son regard endormi dans tout le gymnase.

« Tu crois que quelqu'un va venir ici... ? »

Un autre élève. Turquie par exemple. Tronche de loukoum écrasé serait bien capable de venir ici pour embêter le pauvre Herakles. Oui Turquie c'est le diable en personne ! Et il risque de voler tous les amis du grec. Il a déjà commencé avec Japon, bientôt se sera le tour de Mathias...

Ou alors un professeur. Si c'est Monsieur Pictes qui arrive et qui les voit sautiller sur le trampoline, ils ne risquent pas grand-chose. Le professeur d'arts appliqués serait même capable de se joindre à eux. Mais si c'est Empire Mongol... Ce sera la fin du monde, l'Apocalypse, le Ragnarök. Et aucune chance de s'en sortir.

Herakles hocha la tête pour effacer ses horribles pensées. Aucun des deux n'allait arriver. Pas vrai Mathias ?

A la question d’Herakles, Mathias se mit à zyeuter tout le périmètre du gymnase. Des gens venant faire du sport en pleins mois de vacances ? Pas que ce ne ce soit jamais vu mais y’avait quand même de la feignasserie dans le secteur. Y’avait bien des fifous qui couraient tôt le matin, des choses dans le genre mais pas de quoi non plus se rouler au sol.
Mathias restait l’un des garçons les plus sportifs de l’école au final. Il aimait bien. La fatigue du corps. C’était compliqué d’ailleurs parce qu’il ne semblait jamais s’épuiser alors qu’il ne désirait que ça. Tomber archi-mort dans son lit. Il y avait un réelle confort dans ses muscles douloureux ou la lassitude des gestes. Il aimait revenir fourbu des séances de natation ou les bras courbaturés de la menuiserie.

Mais nécessairement, plus ça allait et plus son corps s’était habitué. Plus il se sculptait plus il était obligé d’aller plus loin pour s’épuiser. C’était une spirale qui prenait fin avec les cours et Belgique. Les deux étaient en soi des gardes-fous. Belgique l’avait été, pardon. Il oubliait parfois qu’il n’était plus avec, sans pour autant savoir que bientôt il le serait de nouveau.
Un léger silence et le danois se fendit d’un sourire espiègle.

« He bien ? si quelqu’un arrive, on fait pas nos majorettes ! ON l’invite voilà tout ! Plus on est sur le trampoline, mieux c’est ! »

Ah ah ah. Faux. Évidemment. Plus on est sur le trampoline, plus ce dernier se casse. C’est assez simple en soi.

« Allez ! GO ! »

Un cri de guerre viking et il s’élance sur le trampoline pour sauter dessus joyeusement. Ahhh la sensation de voler ! D’être léger comme quand on nage dans la mer. Merveilleux ! ! Il fait signe à Grèce , un peu avec le tournis.

« Youhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu »

Age réel du danois : 5 ans trois quart.