Le printemps.
Le soleil, l'eurovision qui approche, les vacances, le départ des diplomates et des soucis, les élections quand on était ukrainienne, le raccourcissement des jupes et le relâchement de la cravate, les zoziots qui piaillent, le grec et l'espagnol qui pratiquent les siestes dans le jardin et les matchs de foot qui vont bon train sur le terrain extérieur.
Et Katya, et Toris, et la cuisine...
Car en ces temps de fin de disette du Carême, il y avait là une promesse incommensurable : celle du Pardon. L'ultime, le vrai, pas celui qui consiste à partager ton bol de miel pops histoire de bien te faire voir, non! Ce pardon là il est déposé à nos pieds par la Pâques. Il était d'une importance capitale selon l'ukrainienne pour l'aile slavobalte (oui c'est un adjectif à part entière dorénavant, je fais ce que je veux d'abord !).
Aujourd'hui, les deux larbins de l'aile est mignons tout plein que même bibifoc il arrive pas à ce sommet de choupitude avaient mis les petits plats dans les grands. Yekaterina avait même mis un tablier, fort seyant pour l'occasion.
La Pâques chez les slaves, ça ne rigolait pas et Yekaterina voulait absolument que chacun d'entre eux ou presque (parce que vu le nombre de pays dans l’Europe de l'est ça allait tout de même être un peu compliqué) ait un plat spécifique, histoire de mettre en avant -et ce pour tout le monde au sein de l'Académie- les plats de chez eux. Toute seule cela aurait été impossible et Natalya n'était toujours pas d'humeur à l'aider. Elle aurait pu demander à Ivan mais ce dernier piochait surtout joyeusement dans la marmite .
Non, le plus fiable était définitivement Lituanie. Toris était un partenaire idéal: calme, agréable, efficace et à la conversation charmante. Une autre caractéristique notable du balte selon l'ukrainienne était sa passion sans faille pour la biélorusse.
Non seulement il n'en avait pas peur (ou disons qu'il l'aimait suffisamment pour passer outre les chocottes qu'inspiraient sa cadette chérie) mais il continuait inlassablement de lui déclarer sa flamme. Sauf qu'en ce moment c'était plutôt compliqué, Talya restant en retrait de manière délibérée.
A vrai dire, Ukraine restait persuadée que tout ceci n'était qu'un mauvais moment à passer et qu'au contraire, après la pluie le beau temps. Elle s'en voulait un peu néanmoins de ne pas avoir été là pour sa petite soeur dans ce moment difficile. Elle-même avait été happée par l'actualité de son pays, en avait perdu le sommeil et l'appétit, presque perçu une frayeur réelle à l'égard de Vanya (et ça, c'était franchement le pire mais elle était résolue et l'aimait beaucoup trop pour pouvoir s'y arrêter).
Trop finalement pour pouvoir se concentrer sur l'effondrement sentimental chez sa cadette.
C'était également pour couvrir cette culpabilité latente et se faire pardonner, que Yekaterina prenait un soin tout spécial à la confection des dranikis. Un peu de douceur de vivre biélorusse pour qu'elle soit de nouveau à l'aise. Elle était en train de râper les pommes de terre tandis que Toris regardait dans un livre de cuisine des recettes pour chez Estonie et Lettonie.
"Quelque chose de simple, Lituanie, tu ne crois pas? La cuisine d'Estonie est vraiment étrange..."
Pour ne pas dire nordique.
Un sourire réconfortant envers le brun.