Baie vitrée

Parmi ceux qui n'étaient pas très impatient à l'idée du bal, il y avait Angleterre.

Déjà, les années précédentes, il n'y est pas allé une fois. La raison était simple : l'événement en question le rendait plus « visible » que d'habitude. Non seulement la presque totalité de l'école était réunie dans la salle de bal, mais en plus il était attifé de vêtements qu'il n'a pas l'habitude de porter. Si on ne réclamait pas des tenues aussi traditionnelles, il se serait contenté du minimum; à savoir d'un costume avec une cravate, et hop le tour est joué... Et bien sûr, il ne venait pas parce que jamais personne ne l'invitait. Il n'est même plus très sûr de pourquoi il est venu. Même avant d'avoir été invité, il s'était déjà mis en tête de participer.

Car oui, on l'a invité, cette fois. Bon, il ne s'attendait pas spécialement à ce qu'une jolie fille vienne le lui proposer, mais Andorre, c'est déjà surprenant comme ça. Alors oui, ce n'est pas vraiment la même chose, c'est comme s'il accompagnait la petite sœur qu'il n'avait pas à un bal dans un grand château, histoire de ne pas la laisser seule. Et puis il n'avait aucune raison de refuser. Ce n'est pas parce qu'elle n'a que 12 ans qu'il allait devoir se défiler, soi-disant qu'il mérite une meilleure cavalière !

Il avait donc fait l'effort de l'accompagner, sans se sentir forcé. Pourtant, il était là, adossé contre la baie vitrée de la salle. Il ne fixait ni l'extérieur, ni son propre reflet; il fixait plutôt celui de tout ces gens qui sont là, en train de s'amuser, de manger ou de danser. La plupart du temps, quand il se lassait des écouteurs ou de la pluie – ce qui est déjà assez rare – il observait. Quoi, ou qui, aucune idée. Quelque part, ça l'exaspérait, et en même temps, ça le fascinait. Ils sont les élèves qu'il a connu depuis son entrée à l'académie, et pourtant, il les scrute comme un petit garçon fasciné par le monde des grands.

Il soupira et laissa sa tête cogner contre la vitre.

Vatican avait prit son temps pour venir. Il faut dire qu'il n'avait pas pour habitude d'enfiler une telle tenue tous les jours. Cependant, l'idée lui plaisait bien et sans tomber dans le narcissisme, qui pourrait bien vite devenir un péché soit dit en passant, il se trouvait plutôt élégant dans ce costume militaire rappelant l'une des plus glorieuses périodes pour les États de l'Église. Peut-être pas pour le catholicisme, certes, mais au moins pour son "quartier-général" en Europe et au fond, c'était déjà bien. Et puis, il n'avait pas de partenaire attitré pour ce soir alors pourquoi se presser inutilement ?

Traversant la salle sur le côté après avoir descendu l'un des grands escaliers d'un pas tranquille, presque nonchalant mais aussi droit qu'il est digne, la main gauche posée sur la garde son sabre et l'autre dans le dos, il se dirige vers la baie vitrée où il repère Angleterre apparemment seul avec l'un des germaniques de l'Académie. Tant mieux car il n'aime pas commencer les salutations en grand comité, réservant cela plus en aval de la soirée, quand il sera un peu plus prit par l'ambiance conviviale dans laquelle semble déjà baigner la grande pièce.

Arrivé devant les deux, il retire sa coiffe recouverte de fines plumes blanches, inclinant poliment la tête, couvre-chef en avant, en signe de salutation respectueuse comme on pouvait voir entre messieurs dans les temps anciens. Puis, il se redresse, passant sa coiffe d'officier sous son bras droit.

- Buonasera signori.

Il sourit légèrement à Angleterre, appréciant le compliment alors que lui-même regarde la tenue qu'a revêtu le britannique pour la fête. Peut-être un peu attendue en vue de sa très grande popularité bien au-delà de l'île de sa Majesté, mais tout de même, il fallait l'avouer, très élégante en tout cas sur l'instant, c'est-à-dire portée par Arthur. Dans le même temps que son analyse physique, il retire ses gants blancs venant les glisser dans sa ceinture de soie avant d'accrocher sa coiffe également à sa taille grâce à un discret anneau métallique prévu à cet effet.

- Grazie mille Inghilterra. Ma foi, ce bal ne se déroule qu'une fois dans l'année alors autant sortir un peu de l'ordinaire, n'est-ce pas ? La tienne est très classieuse aussi.

Vatican allait continuer dans les formules de politesse et les mondanités courantes dans ce genre d'évènements quand une douce musique au piano se fit entendre dans toute la salle de bal. Une valse plus exactement. Une ouverture de bal traditionnelle en l'occurrence quoique estimable. Le futur représentant du Saint-Siège aimait danser, c'était un fait connu par un certain nombre d'élèves de l'Académie et le fait de manquer l'ouverture, faute de partenaire, l'attrista un instant. Juste un instant car dans ces moments-là, il faut compter sur sa vivacité dans l'action et sur une certaine forme d'esprit d'adaptation.

Alessandro s'avança un peu plus vers son interlocuteur, joignant ses talons en faisant claquer sèchement mais sans exagération ses bottes, la main gauche dans le dos et l'autre tendue vers le blond, inclinant légèrement la tête.

- Angleterre, me ferais-tu l'honneur de m'accorder cette danse, per favor ?

Son sourire de départ ne le quitta pas, se transformant progressivement en sourire de satisfaction, content de l'accord que venait de donner l'anglais pour danser avec lui. Ainsi, il garda la tête incliner encore quelques instants en signe de remerciement et, sentant la main d'Arthur venir effleurer la sienne, l'italien la serra doucement avant de la ramener contre lui, comme c'était la coutume avec ce type d'invitation. En jeune homme bien élevé, Alessandro tenta même de rassurer l'autre sur ses capacités en danse.

- Rien de très grave, j'en suis persuadé. Auquel cas, je mènerai, cher ami.

Et voilà qu'il entraînait lentement son partenaire britannique du moment jusqu'à la piste de danse, l'autre main toujours dans son dos et sa posture inchangée et donc bien droite, comme le galant officier d'un soir qu'il été, alors que ses pas commençait déjà à prendre le rythme de la valse sur le chemin.


[ Vatican se déplace vers "piste de danse" avec Angleterre. ]

Non pas de faille spatio temporel. Finalement Corée du Nord se sera menti à lui-même. Il n’aura bousculé personne et même. Il aura prit son temps pour ne pas géner durant les danses en se faufilant entre chaque couple dansant. Comme quoi, il se promet beaucoup de chose et des fois, oui des fois, il ne fait pas tout ce qu’il pense.

C’est donc avec beaucoup de temps qu’il arrivera à la baie vitrée, ouvrant rapidement cette dernière avant de la repousser assez durement, claquant légèrement mais le son de la musique atténuera grandement cet élan de nervosité. Un coup d’œil dans son reflet, le coréen souffle longuement, au bon sang, ses clopes étaient coincées sous la double couche de tissu. Il passe une main sous la couche rouge puis jaune, souvelant un peu le tout pour aller farfouiller dans une poche, sortant son paquet, il extirpe sa cigarette et son briquet de ses doigts fins pour finalement relâché le tout. Un œil sur le buffet alors qu’il allume sa drogue. Non décidément, cette soirée n’était pas fameuse pour Corée du Nord, lui qui avait voulu se montrer agréable avec son frère, il avait tout loupé, surement les mots étaient mal choisi. Il n’en sait rien mais le résultat était là. Tant pis. Il allait prendre son temps pour cette cigarette et réfléchir un peu à la suite des événements.

Satisfait d'avoir pu danser sur la musique d'ouverture du bal, Chine suivit son partenaire jusqu'à la baie vitrée d'un pas modéré mais dynamique saluant poliment au passage quelques connaissances. Grand fumeur qu'il était, effectivement, il avait tout de même prit soin de se faire la promesse, au moins pour ce soir, de limiter sa consommation au strict nécessaire pour ne pas passer sa soirée à la baie vitrée et de fait ennuyer le canadien. Mais après tout, puisque l'objectif indirectement annoncé était de s'isoler un peu du gros de la troupe pour se vivifier quelque peu l'esprit et le corps à grand renfort d'air frais, pourquoi ne pas en profiter ?

Arrivant sur la terrasse, l'asiatique lâcha doucement la main de son partenaire sans oublier d'y appliquer une caresse au passage, sortant de l'un des plis de son hanfu ses Zhongnanhai Rouges soit sa marque de cigarettes depuis toujours. Les plus fumées à travers toute la Terre du Milieu d'ailleurs. Peut-être parce qu'elles furent les préférées du Grand Timonier mais aussi et surtout parce que leur composition est particulièrement addictive et du même coup mauvaise. Mais qu'importe à ce moment-là alors que le doyen de l'Académie extirpait à son tour le fameux zippo à l'étoile rouge du Parti, certainement son plus fidèle compagnon en toutes situations.

Sortant l'une des cigarettes du paquet rouge, il la porta à ses lèvres avant d'allumer son feu, embrasant le bout du tube de papier d'un geste rapide. Savourant l'instant présent, les yeux mi-clos, il prit son temps pour inspirer sa drogue avant de souffler doucement un nuage de fumée blanche prenant soin sur l'instant de détourner le visage du grand américain pour ne pas l'incommoder. D'ailleurs, le fait de pivoter son visage lui fît poser son regard sur un autre présent, en armure d'un autre temps, qu'il reconnu instantanément comme étant Corée du Nord. D'ailleurs, n'était-il pas censé accompagner son plus jeune frère ce soir ? Enfin, comme on dit en Chine populaire, "chacun ses affaires et c'est bien suffisant". En tout cas, il le salua d'un signe de tête poli, avant de revenir à Matthew.

- Ça tranche assez sèchement avec le côté "princesse asiatique", n'est-ce pas aru ?

Il désigna la cigarette dans sa main, la phrase étant dite sur le ton de l'ironie alors que Yao se mit à rire doucement. Il passait jusqu'à maintenant, un agréable moment.

Ben, non. Quoiqu'il fasse, Chine dans ce type de tenue aurait toujours l'air d'une princesse asiatique. Et Russie aurait parié son stock de vodka qu'il le savait parfaitement. Néanmoins, il se dispensa de toute remarque en passant, et même de trop s'attarder sur ladite tenue dont la vision le renvoyait bien trop loin, et il se contenta d'adresser à celui-ci et à Canada - sisisi on le reconnaît bien là, l'utilité des costumes, wouh !! -  son sourire standard, celui qui sparkle du vive-la-vie, en guise de salutation avant d'aller jusqu'aux abords coréens.

Il avait été assez surpris, en fait, de la présence de Corée du Nord. C'était pourtant pas son truc, ce genre d'évènement, sans parler du bain de foule... ou alors Russie s'était gravement fourvoyé sur ses inclinations. Ou simplement, il aurait aussi pu avoir une bonne raison pour se traîner jusque là.
Dans l'immédiat, une fois sa masse arrêtée près de Corée, il laissa juste glisser son regard sur ce que celui-ci tenait à la main. Et c'était suffisant pour le renseigner sur son état d'esprit du moment.

"Hé ^^ Quoi toi fairrre là tout seul, camarrrade ? Déjà marrrre ?"

Un chinois, un russe et un canadien. Pas réellement dans l’ordre de préférence mais bon. Il souffle légèrement sa fumée sur le côté pour ne pas incommoder les nouveaux arrivants. Un regard rapide à Chine, un signe de tête pour le saluer et son regard glisse immédiatement sur Russie. Exit le canadien qui est déjà transparent, un peu plus, un peu moins, ça ne changera pas les habitudes de l’ours polaire. Il n’aura même pas une oreille pour la conversation des deux autres. Il pose les mains sur la rambarde, sa cigarette coincée sur le bord des lèvres, puis, sans raison, il la laisse choir, son pied venant l’écraser tout simplement alors qu’il relève les yeux vers Ivan.
Son oreille attentive se prête à ses mots alors qu’il aura un sourire légèrement amusé à sa remarque.

« Déjà marre ? Avant même d’avoir foulé le sol de la salle, j’en avais déjà marre. Et vous, la première danse vous a déjà fatigué ?»

On y rencontre de tout, des gens intéressants et des tocards, mettez-vous là ou bon vous semble.

Chine répondit au sourire du russe par l'un de siens tout aussi "standard" pour le coup. Cordial pour le coup, n'allant pas chercher plus loin sur l'instant ou plus exactement, ne préférant pas le faire. Il reporte son attention sur Canada et plus particulièrement sur sa réponse à propos de sa propre remarque sur le hanfu.

- Tu fais princess badass disons. On ne sait jamais ce que tu pourrais cacher sous ta toge.

- Eh bien, sous une toge, il peut s'agir de tout comme de rien aru. Vraiment rien. "À l'écossaise" comme disent les celtes aru.

Il se mit à rire franchement. Ah oui l'humour chinois, faut l'entendre pour le croire. Néanmoins, pour le comprendre, souvent, c'est une autre paire de manche. Se calmant assez rapidement, il tira sur sa cigarette alors qu'il arrivait progressivement à la moitié. Levant la tête un instant vers le ciel, il contempla les traces orangées que laissait le Soleil couchant, respirant doucement l'air en glissant discrètement sa main dans celle de son partenaire.

- Est-ce que tu veux retourner au buffet après aru ?

Oui, après tout, le chinois n'a pas encore eu le temps d'étancher sa soif après la danse que lui a offerte de manière plus ou moins forcée l'américain. Et puis ce serait un bon moyen pour croiser d'autres étudiants dans la soirée étant donnée que le buffet attire les nombreux gourmands comme le miel attire les abeilles.

- Je dois avouer que la faim commence à se ressentir, mais prend le temps de finir ta cigarette, on a toute la soirée devant nous.

- Oh, mais ne t'inquiètes pas, je prends mon temps aru. Toujours quand je passe un bon moment aru.

À ses mots, le chinois serra un peu plus sa main sur celle de son partenaire enlaçant ses fins doigts avec ceux de l'américain. Il valait mieux prendre son temps, pourquoi se presser de toute manière ? Le brun se sentait bien et il espérait que l'américain était maintenant un peu plus en confiance et donc détendu. En tout cas, l'air frais fût une aide fort précieuse puisque déjà Yao retrouvait son énergie dans un élan aussi intérieur que dynamique après cet instant de repos, prévoyant déjà qu'après le buffet, il retournerait avec son compagnon d'infortune sur la piste de danse. Jamais une première fois sans seconde. Puis sans troisième, n'est-ce pas ? Cette pensée fît légèrement sourire l'ainé.

Terminant sans cigarette, le fumeur l'écrasa lourdement contre la rambarde de pierre grise de la terrasse avant de jeter le mégot par-dessus d'un geste rapide, expulsant au même moment une dernière bouffée de fumée odorante. Fâcheuse habitude que voilà. Enfin, surtout fâcheuse pour les agents d'entretien qui devaient ramasser les restants de papier brûlés. Bref, c'est exact qu'à la réflexion, il pouvait emmener l'autre un peu où il voulait mais n'allons pas abuser de sa bonté et le gêner dans une activité qu'il n'apprécie pas particulièrement. Oui, Yao allait se limiter au strict nécessaire. Parce que "ce vieux fou" savait se limiter parfois, tout à fait.

- On peut y retourner maintenant, si tu veux, Mattie aru.

Rien de très étonnant, en fait, dans ces paroles, et il en conclut intérieurement que Corée s'était pointé pour une raison particulière. Il ne fit pas de remarque, et se contenta d'acquiescer, et de répondre.

"Toujourrrs trrrouver rrressourrrces, camarrrade."

Il se tourna vers la rambarde pour tourner le dos à la baie vitrée et à l'intérieur de la salle, au cas où, même si bon,il y avait probablement une certaine tolérance de la surveillance en ce soir particulier, et tira de sa poche une flasque qu'il tendit à Corée, l'air de dire que c'est toujours plus sain que les clopes, et puis il esquissa un petit sourire légèrement crispé à la musique, cette fois vraiment trop connotée pour ses fragiles oreilles.

"Niet, pas fatigué... Peut-êtrrre plus tarrrd dans soirrrée. Beaucoup de monde êtrrre venu, da ? ^^ Ca pas êtrrre trrrop encombrrrant ?"

Désignant du regard l'arnachement plutôt massif de Corée. A vue de pif, ça avait l'air assez lourd.

Oh de toute manière, il avait tout de même prévu de lui dire la vérité hein. Il jette un coup d’œil à l’intérieur de la pièce, essayant de chercher du regard son propre sang mais incapable de le voir.

« J’accompagne mon frère… Je garde un œil sur lui. »

Genre le truc que tu fais avec Ukraine de façon pas du tout discrète comme Corée du Nord à l’heure actuelle car lui en plus il vient en armure style body guard la chanson en moins. Il aura fini sa cigarette de toute manière. Il regarde la fiole puis Russie… Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance mais l’alcool et lui. Il n’a jamais été jusqu’à " mort bourré " pour éviter de voir s’il avait l’alcool mauvais, triste ou totalement décalé. Mais bon, il ne va pas refuser cette proposition. Sa main se tend et il dévisse la bouteille pour prendre une grande rasade. Il ne dit rien, il se contient, non il ne tousse pas, c’est un bonhomme hein ! Puis il la tend à nouveau à Russie.

« Beaucoup trop de monde en fait et pour l’armure… C’est surtout une armure d’apparat donc point fait pour le combat, elle est sanglée de manière à ce que ce soit mes épaules qui soutiennent en grande partie le poids. »

Genre le mec qui se lance dans les explications alors qu’un Non aurait suffi à Russie.

« Vous êtes venu avec qui de votre côté ? »