Deuxième colonne en partant de l'escalier numéro 2

Pénélope avait attendu fidèlement son mari Ulysse pendant une vingtaine d'année, repoussant les avances de tous ses prétendants. Elle avait fait preuve d'une impressionnante patience et surtout, elle n'avait jamais perdu espoir. Elle attendit et son mari lui fut rendu, après vingt ans de guerre et de périple autour de la Méditerranée.

Herakles n'était pas une femme et il était encore moins entouré d'une centaine de prétendants, mais comme Pénélope, il attendait l'élue de son cœur. Certes elle n'était pas partie depuis des années, mais la jolie portugaise lui manquait. Il espérait qu'elle viendrait au bal, même quelques minutes, pour qu'il puisse au moins voir son joli sourire. Mais plus il attendait, moins il avait l'espoir de la voir franchir la porte de la salle...

Installé contre l'une des colonnes, le grec balada son regard dans la pièce. Beaucoup d'élèves étaient déjà arrivées. La plupart s'étaient regroupés au niveau du buffet, mais quelques-uns étaient sur la piste de danse ou près des escaliers. Herakles, lui, préférait rester dans son coin. Il baissa les yeux vers les pompons de ses chaussures, priant pour que personne -un rouquin en kilt par exemple- ne vienne l'embêter.

Prière non entendue mon cher Grèce! Parce que devine qui vient te voir? je te le donne en mille! Zeus (on va aller avec les gouts de ta région, c'est important le petit côté terroir) seul savait qu'il avait prit pas mal de temps quand même pour venir jusqu'à toi le rouquin. Il fallait comprendre qu'il avait une priorité jolie comme un cœur, bouclettes châtains, parfum de gaufrette et sourire de chaton pas apprivoisée.

Ulysse avait fait un long voyage et il avait les cheveux roux pimpant, le teint un peu cramoisi de la farandole et l'air joyeux de celui qui s'est fait bisouter plein de fois.

" Oy! T'attends le déluge de chats Grèce? Tu vas bien? Pourquoi tu nous as pas rejoints? Franchement je sais que tes shoes elles sont bizarres mais vu certaines tenues, j'te jure que la tienne ça va."

Ça a un petit côté Bioman du Soleil en fait. Scotty approuve. Il farfouille dans sa poche, une cigarette lui ferait plaisir mais il est pratiquement certain que Grèce ne fume pas.

La voix mélodieuse de l'écossais arracha Herakles des bras de Morphée. La valse d'Autriche avait bercé le grec et il s'était endormi contre la colonne. Et aucune des autres chansons n'avaient perturbé son sommeil. Mais Ecosse avait cette formidable capacité à le réveiller, en lui dessinant dessus, en le chatouillant, ou encore en lui lançant des trucs dessus.

Herakles aurait préféré voir une jolie fille à son réveil, mais les dieux avaient un drôle de sens de l'humour. Il salua son copain Scotty de la main et ignora la remarque sur ses splendides chaussures.

« Salut Ecosse.... ça va et toi.... ? Je ne voulais pas déranger ou m'incruster... C'est pour ça que je ne suis pas venu... »

Il mit sa main devant sa bouche et bailla discrètement. Les bals, c'est fatiguant.

Il a un sourire en coin en faisant tourner sa cigarette entre ses doigts comme un bâton de majorette.

" Dis plutôt que tu voulais faire la sieste un peu tranquille."

Grèce et Italie du Nord, c'était des hymnes vivants à la gloire de la sieste au soleil quand même. Tout un art à vrai dire et l'écossais eut un mouvement de tête à l'égard de l'européen.

" Viens on va béqueter un truc. La sieste c'est cool, mais tu peux faire ça quand tu veux. Les bals c'est déjà aut'chose."

Le roux rangea sa clope dans son sporran. Plus tard finalement. Le manque de nicotine lui picotait toujours le gosier, c'était simple de palier en buvant et d'ailleurs, si jamais il décidait un jour -ah ah ah - d'arrêter de fumer, il est probable qu'il virerait alcoolique en échange (j'ai entendu quelqu'un dire un truc? èé).

" Faut pas avoir peur de déranger. Faut y aller hein. La plupart ce sont des p'tits cons hyper sympathiques quand même." Un sourire tandis qu'il l'entraine vers le buffet. "A commencer par moi ".

Le grec sourit intérieurement à la dernière phrase de l'écossais. Il voulu répondre quelque chose mais son ami se dirigeait déjà vers le buffet. Il n'avait pas trop le choix alors il décida de le suivre.

« Allons manger alors... »

Ecosse était quelqu'un que le grec aimait beaucoup. Pas autant que ses chats bien sûr (ça y est j'ai placé le mot chat !) mais assez pour qu'il le considère comme un ami. Un ami sur qui il pouvait compter pour l'empêcher de dormir n'importe où, comme par exemple au milieu du bal.

Alors qu'il suivait l'écossais, Herakles se surprit à sourire légèrement. D'habitude il allait au bal pour donner bonne impression, regarder les gens et dormir dans un coin, peut être que cette année il profitera un peu plus de la fête...